À la fin du xixe siècle, le surnaturel est furieusement à la mode on explore les maladies mentales, on se pique de pratiquer l'hypnose… et on frémit en lisant des nouvelles et des contes fantastiques. En intégrant les dernières découvertes médicales, ses angoisses et ses hallucinations, Maupassant renouvelle le quoi le Horla est-il emblématique du conte fantastique ?I. Les caractéristiques du Horla1. Un conte fantastique• Le Horla est un conte fantastique, c'est-à -dire qu'il met en scène deux logiques opposées l'une rationnelle, l'autre trouve dans le conte fantastique un décor rassurant, quotidien, connu J'aime ma maison où j'ai grandi », des personnages familiers et pleins de bon sens ». Dans ce monde raisonnable font irruption des faits inexplicables […] et elle resta suspendue dans l'air transparent, toute seule, immobile » ; l'aspect surnaturel est renforcé par l'abondance de détails réalistes, le souci de décrire Horla, comme la plupart des contes fantastiques de la même époque, laisse au lecteur la possibilité d'interpréter selon l'une ou l'autre logique. Soit le narrateur est fou Décidément, je suis fou ! », soit le surnaturel existe Cette fois, je ne suis pas fou. J'ai vu… ».2. Le résumé de l'histoireLe narrateur tient son journal, du 8 mai au 10 septembre. L'action se déroule donc sur un peu plus de quatre mois.— Mai une bonne journée passée dans son jardin, à regarder les bateaux. Deux jours plus tard, il se dit malade et inquiet. Sa belle humeur l'a quitté. Passent deux jours sans que sa maladie ne le quitte. Son médecin le rassure. Malgré les médicaments, l'inquiétude persiste. Il note sa nervosité, sa peur de se coucher le soir. Il fait d'affreux cauchemars et rêve qu'on l'étouffe dans son sommeil, en pesant sur sa poitrine.— Juin son état ne s'améliore pas. La solitude du bois, lors d'une promenade, l'inquiète ; il a l'impression d'être suivi et a du mal à retrouver son chemin. Il décide alors de partir un peu, pour se changer les idées.— Juillet un mois plus tard, il reprend son journal et y raconte sa visite au Mont Saint-Michel. À la question faut-il croire à ce qu'on ne voit pas ? » le moine qui l'accompagne répond par l'affirmative. Le narrateur remarque que les cauchemars de son cocher sont semblables aux siens. Dès la deuxième nuit chez lui, ces rêves deviennent intolérables, au point qu'il songe à repartir. La nuit suivante, il remarque qu'une carafe d'eau, pleine la veille, se trouve vide le lendemain matin. Le narrateur décide de tenter quelques expériences seuls l'eau et le lait semblent disparaître. Il constate enfin qu'il ne peut s'agir de somnambulisme. Très effrayé, il part pour Paris, s'y distrait et se moque de ses frayeurs passées. Il assiste à une séance d'hypnotisme qui le trouble beaucoup.— Août dans le jardin, une rose, cueillie par une main invisible, est restée suspendue en l'air devant le narrateur. Il est persuadé de la présence d'un être invisible. Le lendemain, il se demande s'il ne devient pas fou et se sent obligé de rentrer, mu par une force obscure. Il a peur, décide de partir, sans y parvenir. À Rouen, il emprunte un livre sur les phénomènes surnaturels. Il n'arrive pas à se rendre à la gare et ordonne au cocher, contre sa volonté, de rentrer. Il s'aperçoit que les pages du livre tournent toutes seules. Il essaie de saisir l'être invisible qui s'enfuit par la fenêtre. Le narrateur décide de le tuer. La lecture d'un article scientifique sur une épidémie de folie » sévissant au Brésil le convainc que l'être invisible, qu'il baptise le Horla, s'apprête à envahir le monde. Il ne se sent plus maître de ses pensées. Le soir même, il tente d'attraper le Horla, se retrouve face à son miroir, qui ne lui renvoie plus son image. Le lendemain, il fait poser porte et volets de fer à sa chambre.— 10 septembre dernière page du journal. Le narrateur a enfermé le Horla dans sa chambre et a mis le feu à la maison. Tout à son projet, il avait oublié que ses domestiques y dormaient aussi. La seule chose qui le préoccupe, pourtant, est de savoir si le Horla est bien mort. Ce n'est pas si sûr…II. Les personnages1. Le narrateur• Le narrateur ne donne aucun indice concernant son identité. C'est un homme j'ai passé toute la matinée étendu sur l'herbe », normand, qui n'a pas besoin de travailler. Il est cultivé et curieux Je viens de lire ceci dans la Revue du Monde Scientifique » et analyse de façon très précise, presque scientifique, ses sensations un simple malaise, un trouble de la circulation peut-être, l'irritation d'un filet nerveux, un peu de congestion ». Il n'est ni fou ni crédule Les faits qu'il avança me parurent tellement bizarres, que je me déclarai tout à fait incrédule. », ce qui rend son témoignage plus lecteur de la fin du xixe siècle peut donc s'identifier aisément au narrateur, ce qui renforce la violence du surnaturel et la montée de l' Le Horla• Les preuves que réunit le narrateur de l'existence d'un être invisible » peuvent former une sorte de portrait du Horla. Son corps ne paraissait point posséder de contours nettement arrêtés, mais une sorte de transparence opaque. Il boit de l'eau et du lait sans paraître toucher à aucun autre alimen. » Il semble parfois craintif […] il s'était sauvé ; il avait eu peur, peur de moi, lui ! ».Le Horla, c'est l'Autre, mystérieux, qui cristallise les peurs J'ai peur… de quoi ? ». Son nom même exprime cette étrangeté hors de là , qui fait aussi penser au horsain, mot normand pour désigner l' Les thèmes1. La folie• Chaque page du journal commence par une sorte de bulletin de santé. Le narrateur est d'abord simplement souffrant Je suis malade, décidément !, Mon état, vraiment, est bizarre. ». Très vite, il fait référence à la folie Je deviens fou, décidément, je suis fou !, je me demande si je suis fou. ». Il décline alors le thème de la folie, sous toutes les formes connues par la science ou la religion hallucinations, démence, troubles, fantasmagories, délire » et jusqu'à la possession par le Le surnaturel• Le narrateur décrit précisément les manifestations surnaturelles auxquelles il assiste je vis, je vis, distinctement, tout près de moi » une rose cueillie par une main invisible, l'eau disparue de la carafe, les pages d'un livre tournant toutes seules, le reflet du narrateur kidnappé » dans son miroir. Dans le Horla, le surnaturel est donc essentiellement marqué par l'invisible L'air invisible est plein d'inconnaissables Puissances ».3. Le double• Maupassant connaissait les découvertes de son époque en psychiatrie. Il exploite le thème du double dans ce sens il y a dans l'être deux moi » contradictoires, l'un normal et logique, l'autre inquiétant et irrationnel. Le narrateur se sent menacé par ce second moi » devenu un autre un être étranger, inconnaissable et invisible, anime, par moments, quand notre âme est engourdie, notre corps captif qui obéit à cet autre ». Pour se débarrasser de ce double qui prend possession de lui, le narrateur n'a qu'une issue se tuer Alors… alors… il va donc falloir que je me tue, moi !… ».IV. Les techniques1. Le journal• Maupassant choisit la forme du journal intime. Le narrateur consigne le soir les événements de la journée. Il emploie la première personne. Cela permet de pénétrer les sentiments du personnage et lire son histoire sur le vif. Le journal se caractérise donc par un certain désordre le narrateur ne prend pas de recul par rapport à ce qui lui arrive ; il est encore sous l'emprise de ses angoisses quand il prend la plume. L'aspect décousu de ses remarques favorise le fantastique.• Le récit est irrégulier, fragmentaire le narrateur écrit parfois tous les soirs du 3 au 6 juillet par exemple, d'autres fois il passe un mois sans écrire le 2 juillet suit le 3 juin. Ainsi alternent les accélérations, moments de panique et d'affolement, et les La ponctuation• Maupassant utilise tous les signes et joue particulièrement avec les signes de ponctuation expressifs points de suspension, d'exclamation, d'interrogation. La ponctuation donne son rythme au texte. Au début du livre, elle est surtout constituée de points et de virgules. Dans les passages de peur ou d'affolement, le rythme est saccadé, les signes de ponctuation se bousculent Non… non… sans aucun doute… Alors ?… alors ?… » ; on relève alors huit signes de ponctuation pour sept mots, ce qui exprime bien la confusion du Qui est Maupassant ?• Guy de Maupassant travaille dans l'administration et fréquente Flaubert un ami de sa mère et Zola, qui resteront pour lui des modèles littéraires. Il publie aussi des contes et des nouvelles réalistes dans lesquelles il peint les bourgeois et les paysans normands. En 1877, apparaissent les premiers symptômes de sa maladie, la syphilis. Celle-ci qui provoque de nombreux troubles de la vue, du sommeil, et des maux de tête, qui ne cessent de s'aggraver. Il suit pendant deux ans les cours de Charcot, célèbre psychiatre, à l'hôpital de la Salpêtrière, à Paris, et publie le Horla en 1887. Interné en hôpital psychiatrique, il meurt en 1893.
Ily a bien eu des guerres, mais c’était de la barbarie venue d’ailleurs, même Alep, Grozny, Sarajevo, etc. – si bien qu’on peut oser dire : etc. Ce furent des injustices, des horreurs
FIGAROVOX/ANALYSE -Après l'assaut de Kiev contre des séparatistes à Sloviansk, les militaires russes entament des manœuvre à la frontière avec l'Ukraine. Une montée des tensions qui selon Alexandre Melnik, professeur de géopolitique, est le résultat du jusqu'au boutisme de Vladimir Melnik est professeur de géopolitique à l'ICN Business School Nancy - MetzTout semble actuellement réussir au maître du Kremlin. Il annexe la Crimée sans coup férir, grignote le reste de l'Ukraine, impose sa position à Genève aux Occidentaux et atteint les sommets de la popularité chez les Russes, qui, en proie à une extase nationaliste, applaudissent à ses conquêtes, comme si c'était une prolongation des JO de Sotchi. Il fonce comme un TGV, devenu unstoppable», sans aucune limite de vitesse, et sans plus s'arrêter dans les gares, au grand dam des passagers, médusés, ayant pourtant acheté leur billets. Je pense que même ses thuriféraires occidentaux les plus zélés sont, eux aussi, dépassés par la férocité et le jusqu'au-boutisme qu'il étale sans complexes. Poutine est aussi - et surtout ! - un fils spirituel du communisme, dans la filiation de Lénine Staline Brejnev Andropov. Un enfant de ce système, criminel, qui n'a jamais été jugé par l'Histoire. En fait, le président russe se croit tout permis, guidé par une vague intuition morale et historico-émotionnelle, une sorte de nouvelle pravda» la vérité suprême d'origine quasi divine, qui érige la Russie en sainte sauveuse de l'Occident dévoyé. Ainsi, il est l'incarnation même du nihilisme juridique, inhérent aux siècles d'histoire de son pays qui traite la loi comme un chiffon de il est aussi - et surtout! - un fils spirituel du communisme, dans la filiation de Lénine - Staline - Brejnev - Andropov. Un enfant de ce système, criminel, qui n'a jamais été jugé par l'Histoire. L'horloge mentale du président russe est restée coincée aux années soixante-dix, à un moment où il a reçu sa formation d'un agent du KGB, qui ne pouvait, à l'époque, percevoir le monde autrement qu'à travers le prisme de la guerre froide. A savoir, une confrontation sans merci entre nous», les Soviétiques, porteurs du Bien, et eux», les Occidentaux Les Etats-Unis avec leurs vassaux» européens, l'emblème du Mal. Et ce, sur fond de complot, de permanentes manœuvres en coulisses, de travail de sape au quotidien. Avec, comme seule force motrice, la haine de son alter ego, alimentée par le mensonge et l'ignorance réciproques, qui se reflétaient, dans son esprit, comme dans un jeu de peut lui expliquer que, depuis cette période, le monde a changé? Que la chute du Mur de Berlin a relégué le communisme au rang des antiquités de l'histoire? Que la dissolution de l'URSS, qu'il considère comme la plus grande catastrophe du XXIe siècle», doit être relativisée à la lumière des deux guerres mondiales ayant assombri ce siècle, marqué également par la Shoah et le Goulag, et beaucoup d'autres tragédies? Qui peut rappeler à Poutine, qui se targue de n'avoir jamais envoyé un seul mail, l'omniprésence des réseaux sociaux qui aplatissent chaque jour davantage notre planète?Et, enfin, pourquoi méprise-t-il tant l'Occident? Cette civilisation qui est, de toute façon, en reflux dans la globalisation en marche, faute de moyens de ses ambitions et face à l'irrésistible montée en puissance de nouveaux pôles d'excellence, en dehors de son aire culturelle? Les valeurs de l'Occident ne seraient donc que de l'enfumage », aux yeux de Poutine. Comme le baratin d'antan sur la supériorité » du système communiste, à quelques années de son effondrement. J'ose avancer un élément de réponse nourri au biberon du cynisme qui imprégnait son pays sous Brejnev, lorsque les porte-parole soviétiques, censés combattre l'influence maléfique du capitalisme», vouaient, en réalité, un culte à la société de consommation, d'inspiration américaine, il n'imagine même pas, aujourd'hui, que les valeurs fondatrices de l'Occident liberté individuelle, dignité humaine, prédominance de la loi, démocratie, société civile, indépendance de la presse, etc. peuvent être autre chose qu'une supercherie sémantique qui camoufle l'appât du gain. Ces valeurs-là ne seraient donc que de l'enfumage», aux yeux de Poutine. Comme le baratin d'antan sur la supériorité» du système communiste, à quelques années de son l'actualité est ponctuée d'épisodes qui le renforcent dans cette aberration l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder est devenu un salarié de son» Gazprom ; Tony Blair vend très cher ses conseils au régime autoritaire du Kazakhstan. Sans même évoquer Gérard Depardieu qui, selon la profonde conviction de Poutine, masque, derrière les incantations sur son amour de la culture russe, la triviale intention de ne pas payer d'impôts dans son pays gouverné par les est vrai que les contre-exemples, qui prouveraient le rôle fondamental des valeurs dans le fonctionnement du modèle occidental, sont, hélas, trop rares, à l'heure où nous sommes. Mais doit-on en déduire que ce regrettable oubli occidental de ses propres racines, qu'on observe actuellement, balaie tout son glorieux parcours civilisationnel, en le réduisant au mercantilisme à tout prix et à l'hypocrisie mesquine? Devons-nous accepter le fait que l'Occident, confronté aujourd'hui à une profonde crise identitaire, fournisse un alibi à un ancien lieutenant-colonel du KGB, revanchard, qui se déchaîne dans la reconquête de sa» vérité, atavique et contre-productive, à long terme, pour son pays?Car, étant un bon tacticien - calculateur, qui triomphe à court terme en profitant de la faiblesse morale de l'Occident, Poutine commet une faute historique, lourde de conséquences pour l'avenir de la Russie. Un avenir qui ne passera, en aucun cas, par un repli sur soi au nom du nationalisme exacerbé d'un autre âge, mais par une ouverture assumée sur le monde plat, interconnecté et interdépendant du XXIe siècle. Vu sous cet angle, le soutien de la démocratie en Ukraine n'est pas un blasphème perpétré par les ennemis de la Russie», mais un nouvel horizon stimulant pour la Russie elle-même, pour ses futures élites, dotées d'une perspective globale. Le plus extraordinaire, et le plus triste, dans ce contexte il a détruit le rêve d'Occident, nourri par la Russie depuis son origine. Un président tout-puissant - prisonnier de son passé, qui veut reconstituer, au prix d'un isolement de son pays, l'empire russo-soviétique sur la base ethnique là où il y a des Russes, il y aura la Russie», dit Alexandre Douguine, le principal idéologue de cette URSS-bis quel déni de réalité! Et quel gâchis pour la Russie, ce formidable pays, à vocation européenne, qui rate, une fois de plus, sa chance historique de bâtir une société moderne, prospère, libre, au diapason des attentes de ses jeunes générations, avides de réussir leur rêve qui, depuis la christianisation de la Russie kiévienne au Xe siècle, constitue une composante de son identité et la boussole de son intelligentsia. Sortir la Russie de l'espace civilisationnel occidental, en un laps de temps relativement court, - quelle prouesse» ni le long joug tataro-mongol, ni le tsarisme le plus rétrograde, ni aucun secrétaire du Parti communiste ne l'avaient jamais auparavant réussi»!Enfin, sa faute historique dépasse les frontières de son pays. Sortons des réticences de la realpolik. Et n'ayons pas peur de le dire Poutine est devenu un danger pour la paix dans le monde. C'est lui, et lui seul, qui porte, en dernier ressort, la responsabilité d'une escalade à impact destructeur, à l'échelle globale.
Lireaussi « Covid-19, et la vie bascula », Le Monde diplomatique, avril 2020. On se demande ce qui l’a piqué — en même temps il faut admettre : quand une vidéo appelée à demeurer dans la mémoire collective montre Agnès Buzyn, ci-devant ministre de la santé, déclarer fin janvier qu’évidemment le virus restera à Wuhan et qu’il n’y a aucune chance Loccasion ainsi de nous introduire très rapidement Daniel Wu, nouvelle recrue de cette saison. Si le « futur » vu par Westworld ressemble furieusement à celui de Dollhouse, ce nouvel épisode apporte son lot de mystères et de surprises. En jouant à nouveau sur les timelines et la simulation, Westworld montre ce qu'elle sait faire de mieux.EUROPE1. Le président français Emmanuel Macron a exhorté mardi la communauté internationale à ne faire montre d’« aucune faiblesse, aucun esprit de compromission » face à la Russie, alors que la guerre en Ukraine entrera mercredi dans son septième mois. Les Européens prêts à soutenir le combat de l’Ukraine dans la duréeGuerreen Ukraine : ce qu'il faut retenir du 98e jour de l'invasion russe. Au 98e jour de l'invasion russe, les Etats-Unis ont annoncé mardi soir l'envoi de "systèmes de missiles plus avancés